• Interview de Yasuno Masatoshi

    Interview de Yasuno Masatoshi Shihan

    8ème Dan – mars 2013

     

    1. Sensei, quelle profession vouliez-vous exercer quand vous étiez jeune ?

    Mon père travaillait à la compagnie nationale des chemins de fer. Pour cette raison, j’aurais aimé être responsable d’une gare. Cela dit, j’ai toujours aimé les activités physiques. J’aurais aussi aimé être professeur de sports.

    2. En dehors de l’aïkido, avez-vous pratiqué d’autres arts martiaux ou d’autres sports ?

    J’ai toujours beaucoup aimé les sports de balles. Sinon, quand j’étais étudiant, j’ai pratiqué le kenjutsu à l’université.

    3. A quel âge avez-vous rencontré Yamaguchi sensei ?

    En 1967, à l’âge de 18 ans, je me suis inscrit au club d’aïkido de l’université suite à l’observation d’un cours. Le professeur en charge était Yamaguchi shihan.

    4. A quel âge avez-vous commencé à enseigner l’aïkido ?

    J’ai commencé à enseigner l’aïkido au Hombu dojo en 1973, à l’âge de 24 ans.

    5. A quel âge avez-vous commencé à diriger des stages et séminaires d’aïkido ?

    En 1973, j’ai commencé à enseigner aux enfants et aux classes de débutants au Hombu dojo. Les stages internationaux ont commencé il y a plus de 30 ans, notamment en France.

    6. Jusqu’à aujourd’hui, dans quels pays êtes-vous allé pour diriger des séminaires ?

    J’ai commencé en Asie du Sud pour aller dans plus de 50 pays un peu partout dans le monde.

    7. Selon vous, quelles sont les grandes différences entre l’aïkido au Japon et dans les autres pays ?

    Je pense que la 1ère grande différence se trouve dans la relation que les Japonais et les Européens entretiennent à la nature. Le sentiment que j’ai, c’est que les Japonais, par une vision différente de la vie, veulent être en harmonie avec la nature, ne former qu’un ensemble. Par contre, en Occident, les gens, peut-être, sont plus dans un rapport de domination à la nature. Si on parle de la pratique de l’aïkido, en Occident, lors de pratique libre (jiyu waza), en général, les gens exécutent les techniques qu’ils maîtrisent le mieux.

    La 2ème grande différence est physique. Les Japonais sont en général moins forts physiquement que les Européens. A partir de ce constat, j’ai essayé et j’essaie encore de pratiquer en pensant à la façon de forger mon corps, de polir mon esprit et d’améliorer ma technique.

    Enfin, l’étiquette dans l’aïkido et les budo est très importante. Il faut la respecter. Ces règles nous permettent d’être vigilant, de rester alerte.

    8. Quelles sont les principales caractéristiques des pratiquants en France ?

    La 1ère caractéristique :

    En France, le détail technique est très important ainsi que le nombre de techniques et leur choix. C’est intéressant mais je pense qu’il est plus important de pratiquer avec une vision d’unification, en regroupant les techniques, en les assemblant, de travailler avec l’idée de faire des liens…par exemple, de 8 techniques, on peut aller vers 4 techniques puis 3 puis 2…

    2ème caractéristique

    On compte trop sur les explications techniques, les mots. Pour moi, les mots et les choses que l’on peut dire ont une limite. On peut mettre des mots sur ses propres sensations d’une certaine manière mais je pense qu’il est difficile de remettre des sensations sur des mots. C’est ce que je ressens.

    3ème caractéristique

    En France, les pratiquants en général sont puissants et il est intéressant de voir qu’ils pratiquent avec vigueur mais souvent, le haut du corps prend trop d’importance durant le keiko. En aïkido, la façon d’utiliser le bas du corps est très importante, spécialement la façon d’utiliser les genoux.

    9. Depuis que vous faites de l’aïkido, est-ce qu’il y a eu des changements dans votre vie quotidienne ?

    Je pense que la pratique et la vie quotidienne sont les 2 côtés d’une même pièce, l’aïkido étant le côté URA et la vie quotidienne le côté OMOTE. Ma vie quotidienne change par la pratique de l’aïkido et je pense à l’aïkido dans ma vie quotidienne. L’aïkido est une discipline du corps et de l’esprit. Quand j’ai commencé l’aïkido, je voulais devenir fort. Aujourd’hui encore, ça n’a pas changé mais le sens de cette recherche avec l’âge et la pratique a changé. Elle est présente dans ma vie quotidienne. Je pense que l’aïkido est une façon de vivre, une façon depenser.

    10. Vous enseignez l’aïkido depuis de nombreuses années. Pour vous, quelles sont les choses importantes dans votre enseignement ?

    D’abord, je suis en constante recherche afin d’améliorer ma façon d’enseigner. Je recherche de même de meilleures formes. Ensuite, lorsque je suis en face d’un pratiquant, je me demande toujours comment je peux pratiquer avec cette personne.

     

    Avec tous nos remerciements à Yasuno Masatoshi Shihan et Kaori Sakamoto

     

    Traduction de Laurent et Machiko Huyghe


  • Commentaires

    1
    Josse Laurent
    Vendredi 26 Septembre 2014 à 19:33
    Je viens de débuter des cours d'aikido. Ce témoignage me touche au plus profond de mon être.Ca confirme mon choix de poursuivre mon chemin personnel dans cette voie afin de ressentir la vie dans chaque mouvement. Merci
    2
    Jeudi 25 Janvier 2018 à 11:31

    Bonjour,

    je me permets un petit message  suite à la publication de notre interview de Yasuno shihan sur votre site. Cette interview a été organisée par Aikido Lille Sei Ryu Kan en 2013. Yasuno shihan vient chaque année dans notre dojo à Lille et a accepté de répondre à quelques questions après un stage. 

    Je vous remercie d'avoir fait suivre notre interview.

    Laurent Huyghe - Aikido Lille Sei Ryu Kan

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :