• Interview de Sébastien Heurteau

    Par Stéphane ADAM

     

    Bonjour à toutes et à tous,

    Sébastien Heurteau est revenu en France depuis maintenant 3 ans et j’avais très envie de connaître son ressenti au sujet de l’aïkido à la fois en tant que pratiquant mais aussi en tant qu’enseignant. Il a donc bien voulu répondre à mes questions et pour cela je le remercie vivement.

    A bientôt Sébastien…

    Interview de Sébastien Heurteau

     

    •  Peux-tu nous présenter brièvement ton parcours ?

    J’ai débuté l’aïkido à 14 ans en 1990 dans un petit club de la région parisienne.      6 ans plus tard, j’ai commencé à suivre l’enseignement de Christian Tissier sensei dans son dojo, d’abord quelques cours par semaine, puis de manière assidue dès 1998. J’étais fasciné par le personnage, et bien que ne connaissant encore rien à l’aïkido, je prenais beaucoup de plaisir à ses côtés.

    Je me souviens avoir commencé très vite à parler avec lui de mon attirance pour le Japon, mais je n’étais pas encore prêt pour un tel voyage. Jusqu’au jour où je lui ai dit « Sensei ? C’est bon, c’est décidé, je pars !! ». Il m’a alors mis en relation avec un français qui avait une école à Tokyo, puis a prévenu l’Aïkikai de mon arrivée.

    Je suis donc arrivé à Tokyo en 2003 avec une valise et une adresse. Avec un visa « vacance/travail » pour une durée d’un an et quelques économies en poche, j’ai très vite fait le choix de me consacrer exclusivement à la pratique de l’aïkido. A la fin de l’année, ma volonté de rester était trop forte et j’ai ainsi obtenu le visa culturel pour continuer à m'entraîner à plein temps. Renouvelé tous les ans en attestant de mes heures de pratique, j’ai gardé ce visa pendant 4 ans. Cela nous amène donc en 2008, l’année de mon mariage.

    Dés 2010, plusieurs sensei commençaient à me questionner sur mon avenir, je sentais dans leurs approches comme un message qu’ils souhaitaient me transmettre. Ils le faisaient tous de façon différente, certains de manière orale et pour d’autres le message est passé par le tatami. J’ai pris conscience de l’importance de ce message juste après ma dernière démonstration avec Kobayashi sensei au Nippon budokan. A ce moment là je ne savais pas que c’était la dernière (All Japan Aïkido 2010), mais j’ai ressenti une telle complicité avec lui cette année là que j’en étais comme apaisé avant et après notre passage. Malgré la présence des nombreux spectateurs et des caméras, aucune montée de stress comparable aux autres années. J’ai alors pensé que peut-être il était temps pour moi de trouver mon propre chemin.

    Il aura fallu encore plusieurs mois de réflexion pour que la décision de rentrer en France soit prise, surtout que je n’étais plus seul.

    Aujourd’hui, je suis retourné enseigner dans le club de mes débuts et j’ai à cœur d'essayer de transmettre un aïkido Aïkikaï tel qu'il est pratiqué actuellement au Japon.

     

    •  Quels sont les sensei d’aïkido qui te marquent le plus actuellement et pourquoi ?

    Il y a déjà quatre sensei de l’Aïkikai dont je me sens très proche, à la fois sur le tatami mais aussi en dehors. Ces quatre personnages sont très importants pour moi et continuent encore à m’apporter dans mon apprentissage. Bien que je sois loin du Japon, nous restons en contact permanent et je leur donne régulièrement des nouvelles. Si je n’ai pas la possibilité de les rencontrer en stage, en France ou en Europe j’essaie de me rendre au Japon dès que je le peux afin de passer du temps avec eux.

    Il serait tout à fait déplacé de ma part que de dresser une liste de leurs compétences, je vais néanmoins essayer de les présenter.

    Interview de Sébastien Heurteau

     

    Yasuno sensei est un personnage charismatique, c'est le samouraï dans sa façon d'être. Il m’a beaucoup influencé dans mon aïkido, et mon « ukemi » aussi a grandement évolué à ses côtés (le mot Ukemi détermine l’ensemble du travail de Uke, à savoir son attaque, son comportement dans le mouvement et sa chute). Je me souviens avec beaucoup de nostalgie des cours intenses à l’Aïkikai du lundi soir et du mardi matin, où il prenait plaisir à me faire chuter de longues minutes en me faisant traverser le tatami d’un bout à l’autre.

     

     

    Interview de Sébastien Heurteau

     

    Osawa sensei est pour moi un modèle de simplicité dans le mouvement, beaucoup de délicatesse et toujours bien placé. Je me suis beaucoup inspiré de son travail avec le partenaire, toujours très proche et uni avec lui. C’est un sensei avec qui j’ai mis un peu de temps à mettre en place une relation mais j’en suis ravi aujourd’hui.

     

    Interview de Sébastien HeurteauConcernant l’aïkido de Kobayashi sensei, je retiens avant tout sa fidélité au Doshu et ce n’est pas un hasard s’il fait partie de ceux qui le remplacent pour le cours du matin lorsque qu’il est en voyage. Kobayashi sensei et moi avons une relation particulière puisque j’ai eu le plaisir et l’honneur de l’accompagner tous les ans, lors de différentes démonstrations officielles comme le « All Japan Aïkido Démonstration » au Budokan et dans plusieurs ambassades.

     

    Interview de Sébastien Heurteau

    Kuribayashi sensei est quelqu’un de très ouvert sur le monde. Il fait parti de ces sensei japonais qui s’intéressent à l’occident. Il est d’ailleurs l’un des rares de l’Aïkikai à utiliser l’anglais dans ses cours. Très souvent entouré d’étrangers, il est très accessible. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de voyager un peu avec lui au Japon, parfois pour une démonstration, parfois pour aller se baigner dans une source chaude.

     

    Pour sortir un peu du Japon, la France aussi compte des enseignants de haut niveau, des gens qui ont une histoire dans l’aïkido. Ce qui m’intéresse principalement c’est comment certains ont su adapter leur expérience japonaise, car c’est exactement ce que je suis en train de vivre.

    Tissier sensei reste évidement pour moi la meilleure référence, il a su apporter la sienne et l’adapter à sa façon dans un système occidental, et cela n’a pas du être facile. De plus, en tant que non-japonais, il a su obtenir la reconnaissance du Japon et ils ne sont pas nombreux !! Sa présence comme invité d’honneur à « l’International Aïkido Congress » tous les 4 ans au Japon en est la preuve.

     

    •  Peux-tu nous décrire une de tes journées type lorsque tu résidais au Japon ?

    Difficile de sélectionner une journée type, cela dépend avant tout de la période. Pour ma part, j’en ai eu deux importantes.

    Interview de Sébastien HeurteauLa première est directement liée à mon visa d’aïkido qui, comme je le disais plus haut, a duré 4 ans. C’est une période où je privilégiais avant tout le nombre d’heure de pratique peu importait le sensei, afin de conserver le visa. La deuxième débute peu avant mon mariage et à ce moment là je savais exactement ce que je souhaitais faire en aïkido et quel chemin suivre, j’ai alors privilégié les sensei qui m’étaient proches, jusqu’à les suivre dans leurs dojos privés.

    La journée type que je peux choisir est certainement celle du mardi. Trois de mes sensei étaient réunis dans la même journée. Elle commençait à 8h00 avec le cours très prisé de Yasuno sensei jusqu’à 9h00. Ensuite vers 9h30, bien que l’Aïkikai fermait ses portes, certains élèves proches de Yasuno sensei, souvent au nombre de 5 dont je faisais parti, avaient la chance de rester sur le tatami afin de pratiquer un peu plus avec lui, il nous faisait chuter de longues minutes à tour de rôle. Nous avions conscience du privilège qui nous était accordé par le maître.

    Ensuite, j’allais automatiquement à la laverie pour mes keikogi, puis je m’arrangeais le plus souvent pour prendre mon repas vers 11h30 ce qui me permettait de faire une sieste vers 13h00. La journée se poursuivait à 15h00 avec le cours de Kobayashi sensei, un cours particulier pour moi car les gens avaient l’habitude de me considérer comme son élève du fait qu’ils nous voyaient ensemble dans les démonstrations. Ensuite la journée se terminait en apothéose avec 2 cours d’Osawa sensei, de 17h30 à 21h00…

    L’aïkido une fois terminée, j’avais l’habitude d’aller manger avec un sensei et mes amis aïkidokas. C’était une journée que je n’aurais ratée pour rien au monde.

     

    •  Tu as fait le choix d’être un élève du Hombu dojo, qu’est ce qui justifie cette démarche par rapport à un pratiquant qui ne suit qu’un seul sensei ?

    Pour commencer, je n’ai rien contre les gens qui choisissent de ne suivre qu’un sensei. Je dirais même que je les envie. Ils sont d’ailleurs en accord avec les codes culturels qui veulent que l'élève choisisse son maître, ou parfois l’inverse.

    Interview de Sébastien HeurteauEn effet, je n’ai pas réussi à le faire malgré les différents conseils, cela doit être lié à ma personnalité. Je n’ai jamais pu choisir, me dire « c’est lui que je vais suivre !! ». De plus, au début, il m’arrivait souvent de m’entraîner avec les élèves du sensei et je m’apercevais petit à petit qu’ils ne prenaient pas forcement tous le meilleur de leur sensei mais plus ses imperfections. En tout cas, j’avais cette impression à cette époque. Un vieux japonais qui a beaucoup connu Yamaguchi sensei m’a dit un jour que ce n’est pas parce qu’on va suivre longtemps et souvent l’enseignement de quelqu’un qu’on va forcement beaucoup s’imprégner de sa technique, parfois il vaut mieux même le voir que périodiquement. J’ai toujours gardé cette phrase dans un coin de ma tête et j’ai eu un semblant de vérification lorsqu’un jour quelqu’un m’a dit qu’il y avait un peu de Miyamoto sensei dans mon aïkido, cela m’a fait sourire car c’est un sensei que j’ai très peu suivi...Comme quoi… !!! Enfin, c’était il y a longtemps, je tiens à rassurer certains de mes amis aïkidoka ou « aïkidokate » qui sont vraiment des élèves de Miyamoto sensei.

    Je ne me revendique donc pas être l’élève d’un sensei en particulier. Plusieurs d’entre eux ont eu à cœur de s’occuper de moi, c’est pourquoi il m’était difficile de faire un choix. De plus, toutes les démonstrations auxquelles j’ai participé avec Kobayashi sensei ont toujours eu pour but de représenter l’Aïkikai avant tout. C’est une bonne raison, je pense, pour me sentir comme un élève du Hombu dojo.

     

    •  Quelles différences majeures existent-t-il entre l’aikido pratiqué en France et l’aikido pratiqué au Japon ?

    On me pose souvent cette question depuis que je suis rentré, et à chaque fois, je ne peux m’empêcher de penser aux nombreuses discussions que j’ai pu avoir avec les sensei, où je leur demandais à mon tour quelles étaient selon eux les différences entre l’aïkido japonais et ce qui se faisait dans le reste du monde. Ils me disaient souvent avec beaucoup de sagesse qu’ils pensaient que certains pays ou fédérations n’étaient pas sur le même chemin que celui de l’Aïkikai et n’étaient pas non plus sur la même voie de recherche, et ce malgré le fait qu’ils souhaitaient faire partie de ce groupe, probablement dans un souci de reconnaissance. Je sentais dans leurs voix comme de l’incompréhension sans jugement personnel (enfin c’était mon interprétation sur le moment). D’après eux, il semblait logique que si tu veux faire partie du groupe Aïkikai, tu dois au moins essayer de pratiquer et de transmettre un aïkido Aïkikai…C’est ce que je pense aussi et c’est pourquoi j’essaie dans mes cours ou dans mes stages de le faire ou tout du moins essayer à mon tour de transmettre avec mes valeurs ce que les sensei m’ont donné.

    Il y a aussi autre chose de très important qui me conforte dans mes choix d’enseignement et que je vois peu en France. Les sensei me conseillaient aussi régulièrement de ne pas oublier ce que « O sensei » disait peu avant sa mort : « L’aïkido est un art universel et doit pouvoir être pratiqué par tous, sans distinction d’âge, de sexe, de poids, de taille…etc !! ». « L’aïkido doit être adapté à tous » voila une phrase en or !!

     

    Interview de Sébastien Heurteau

     

    Si nous souhaitons être en accord avec cette phrase, nous devrions donc tous nous demander, pratiquants et enseignants, si le travail que nous proposons est accessible à tous ?

    En France, je vois beaucoup l’équation « attaque-chute » Ça va vite !! Il faut que ce soit démonstratif !! Comme si vitesse d’exécution rimait avec efficacité technique. Mais alors comment différencier l’entraînement de la démonstration ??? Et où se situe l’idéogramme « AÏ » de l’AÏ-KI-DO ?? Est-il présent ? Est-il compris par les aïkidoka français ?

    Au Japon, c’est certainement l’idéogramme le plus important car il caractérise la rencontre et l’union des deux personnes. Donc selon moi, si on est dans une pratique « attaque-chute », le temps de rencontre est beaucoup trop court pour en sentir toutes les subtilités, d’ailleurs, demandez à un japonais qui ne fait pas d’aïkido ce qu’il pense de cet art martial ? Culturellement parlant, il vous dira que probablement les principes et les valeurs de cette discipline sont dans le « AÏ » puisque ce sera pour lui l’idéogramme le plus parlant.

    Finalement, je pense que c’est dans l’homme et dans ses interactions avec les autres que réside la richesse de l’Aïkido.

     

    •  Quelle est ta vision de l’aïkido ? Et que favorises-tu dans ta propre pratique ?

    Je vais me répéter mais l’idéogramme « AÏ » a une grande importance à mes yeux. Lorsqu’on s’entraîne de façon régulière à l’Aïkikai, il y a tellement de pratiquants de passage tout au long de l’année qu’on a la chance de pouvoir travailler avec tout type d’aïkidoka, de toutes nationalités, des gens qui n’ont pas forcement la même vision de la pratique et parfois c’est très compliqué car on doit s’entraîner 1 heure avec la même personne. C’est là que le « AÏ » à son importance, c’est là que l’aïkido commence réellement. Comment trouver un chemin commun malgré nos différences pour que la rencontre et l’union se retrouvent ? Comment mettre son ego de côté afin de pratiquer avec l’autre. On n’y arrive pas toujours mais on essaie et c’est comme ça que l’on progresse dans le « AÏ ». En France, c’est un peu plus difficile, je le reconnais, puisque la plupart des gens ne s’entraînent que dans leur club, où tout le monde se connaît. Des habitudes s’installent et les interactions également. Les différents stages proposés deviennent donc des lieux de rencontres intéressants.

    Interview de Sébastien HeurteauPour revenir à la notion « attaque-chute », lors de mes cours, je conseille souvent aux gens d’aller moins vite dans leur travail, afin de mieux comprendre, mieux sentir et mieux vivre le mouvement, d'essayer en fonction de la technique de privilégier la chute arrière plutôt que la chute avant.  Je leur conseille aussi de garder le partenaire le plus longtemps possible avant qu'il ne parte à la chute. Et tout comme je l’ai compris au Japon, je leur dis de faire attention de ne pas se tromper entre l’entraînement et la démonstration. Bien sûr, la chute est très importante, mais elle marque la fin du mouvement et donc du « AÏ ».

    Bien qu'il m'arrive aussi de temps en temps de le faire car c'est très tentant quand on travaille avec un partenaire généreux,  le côté démonstratif dans l’entraînement me gène car il n’est pas franc. L’aïkido à besoin pour s’épanouir d’une grande générosité et disponibilité de la part de l’Uke, « l’Ukemi » est très important !!

    En revanche, c’est plus le rôle de Tori qui me gène car je vois de plus en plus se développer un aïkido que je qualifie « d’obligatoire », en obligeant le partenaire à faire telles ou telles chutes. En résumé, Uke donne tout car c'est ce qu'on lui répète sans cesse depuis ses débuts et au final il se fait enfermer, emprisonner dans un mouvement sans aucune liberté, par exemple, pourquoi pas la liberté de terminer le mouvement par la chute de son choix ? Est-ce à Tori de décider de la chute que son Uke devra faire ? Uke a-t-il le choix ? Doit-il être finalement moins généreux dans son Ukemi afin de se préserver ? Bien souvent, j'ai l'impression que Tori ne respecte pas assez Uke, et je ne suis pas étonné de voir des gens avec de moins en moins d’envie et de générosité dans la pratique, la chute devenant de plus en plus soumise.

    Mes propos ne doivent pas être interprétés comme des affirmations, ce sont juste des constats basés sur mon ressenti et ma recherche actuelle, simplement des questions que je pose sur les relations Tori/Uke. Aujourd'hui, je n'ai pas encore les réponses claires à ces questions. Mais elles m'interpellent  parce que  lorsque j’étais au Japon, j’ai eu l’honneur de passer dans les mains d’un grand nombre de sensei, et je n’ai jamais ressenti d’obligation dans la pratique. Au contraire, j’ai toujours senti qu’ils me laissaient la liberté de choisir. En fait, ce sont eux qui s’adaptaient à moi et à mon Ukemi, pas l'inverse !! J’ai vraiment compris ce phénomène au contact de Kuribayashi sensei. A son cours, il y avait de tout, des gens avec un très bon Ukemi et d’autres qui n’en avaient pas. Sur le tapis, je le voyais pourtant travailler avec tout le monde, il s’adaptait aux différences des gens, il n’obligeait jamais personne à faire telle ou telle chute et pourtant son mouvement était toujours le même. C’était génial pour moi de voir ça chaque semaine et je me disais, par exemple le soir en rentrant, qu’en France ça ne se passerait probablement pas comme ça. On rejetterait toujours la faute sur l’Uke, soit parce qu’il n’attaque pas comme on veut, soit parce qu’il ne fait pas la chute qu’on a décidée.

    La grande différence ?? J'ai l'impression qu’en France Tori veut absolument faire chuter Uke, il a l'air d'en avoir besoin pour obtenir un résultat immédiat afin de se rassurer dans sa progression. Alors qu’au Japon c’est Uke qui permet à Tori grâce à son Ukemi de réaliser un mouvement. C’est à Tori de s’adapter à l’Ukemi de son partenaire et non l’inverse.

     

    •  Que penses-tu du système fédéral en France ?

    Je n’ai pas trop d’idées sur cette question. Avant le Japon je n’ai connu que la FFAAA et je connais peu l’Aïkido de la FFAB.

    En tout cas, mes 8 années japonaises m’ont tenu éloigné des petits différents entre les deux fédérations. Je ne me sens donc pas concerné et je n’ai aucun problème pour aller animer un cours dans l’une ou l’autre. Je n'ai pas de compétences particulières dans la politique, seul l’aïkido m’intéresse.

    Pour l’anecdote qui n'a rien à voir avec la question posée, j’ai eu l’occasion de rencontrer Tamura sensei pour la première fois à Tokyo, j’avais hâte d’aller à son cours pour me faire mon propre avis par rapport à ce que j’avais pu entendre sur lui par le passé. Au final, j’ai découvert un personnage fort sympathique toujours avec le sourire et une grande maîtrise technique, je me souviens l’avoir attaqué et puis m’être retrouvé au sol en un instant sans trop savoir ce qu’il s’était passé. C'était, certes, un aïkido différent de ce que l'on faisait à l'Aïkikai mais cela restera pour moi de bons souvenirs avec un grand maître que j’ai finalement très peu connu.

    Pour répondre à la question, je pense qu’il aurait été très valorisant  pour l’aïkido français d'arriver à fusionner les deux fédérations et de combiner ainsi leurs richesses et leurs expériences car il y a forcément du bon dans les deux.

     

    •  Tu as, cette année, animé plusieurs stages à Paris, Bayonne et Angers, qu’apportes-tu aux pratiquants et qu’en retires-tu en tant qu’enseignant ?

    Lorsque je suis rentré, j’ai fait le choix de ne pas être professionnel d’aïkido pour faire vivre ma famille. Je pars donc animer des stages en dehors de mon emploi avant tout pour rencontrer des gens et pour présenter mon travail. Je me dis aussi que si les gens viennent s’entraîner dans mes cours et reviennent chaque année, c’est parce que quelque part ils s’intéressent à mon travail. C’est pour ça que je prends plaisir à y retourner.

    Interview de Sébastien HeurteauLors de mes stages, je pars du principe que la technique ils l’ont déjà, du moins la forme technique. De plus, je ne prétends pas moi-même posséder un grand niveau technique, alors j’essaie de leur apporter quelque chose de différent, de complémentaire, un travail de sensation essentiellement lié à la recherche du centre, un travail de fond pour enrichir leur niveau technique. Je ne suis pas là pour imposer quoi que ce soit, je propose aux gens d’explorer de nouvelles pistes, de travailler différemment, comme on le ferait à l’Aïkikai.

    A ce moment-là de la réponse j’ai une pensée particulière pour le club de « l’ Aviron Bayonnais » qui a été le premier à m’inviter lorsque je suis rentré en France alors que j’étais dans le flou côté aïkido, ne sachant pas vraiment ce que j’allais faire et où m’installer. Je l’en remercie !!

     

    •  Qu’est-ce qu’un bon enseignant selon toi ?

    Je ne peux pas répondre à cette question de manière objective car je ne suis pas enseignant depuis longtemps. C’est un exercice nouveau pour moi.

    Ce qui est sûr, c’est que je n’enseigne pas de la même façon qu’un grand nombre de professeurs français. En effet, je ne base pas mon enseignement sur le catalogue fédéral.

    Je pense qu’être un bon enseignant ne se mesure pas au niveau technique, mais à la manière de transmettre son savoir.

    De plus je connais beaucoup d’enseignants français qui ont su se constituer un noyau dur d’élèves fidèles au fil des années. Cela doit être un signe que l’enseignant est bon. Et de ce coté là, j’ai encore tout à faire !!!

     

    •  Comment abordes-tu les kihon et les applications ?

    Interview de Sébastien HeurteauC’est une question difficile car beaucoup ne sont pas d’accord avec moi et ils en ont le droit. A savoir que dans cette phrase, je remplace le mot « Kihon » par la forme et le mot « application » par le fond.

    « Le fond et la forme », voilà un sujet intéressant !!

    L’enseignement est quelque chose de nouveau pour moi. Néanmoins, je sais comment on enseigne au Japon et comment on enseigne en France. Au Japon, le fond prime sur la forme et c’est ce que j’essaie de faire. C’est pourquoi je ne demande pas à mes débutants de connaître ou de savoir faire telle ou telle technique. Je leur demande avant tout de bouger, d’avoir des sensations. Je n’utilise donc pas de phrases du genre « il faut mettre le pied comme ci, et la main comme ça ! ». Non !! Ce n’est pas leur rendre service que de les enfermer dans une gestuelle statique, car le temps qu’ils placent leurs 4 bras et leurs 4 jambes, ils ne bougent pas et n’ont pas de sensations (on dit toujours quand on commence l’aïkido, qu’on a l’impression d’avoir 4 bras et 4 jambes). Je leur propose donc d’oublier leur corps et de bouger, d’essayer de sentir le mouvement avant toute chose. Ensuite, avec le temps, la forme se placera toute seule, elle se greffera sur le fond.

    L’aïkido est avant tout un art de sensations, on doit le ressentir de l’intérieur et c’est de cette manière qu’il est enseigné et transmis au Japon.

    En occident, nous l’avons intellectualisé afin de pouvoir l’adapter à des cultures différentes et donc son enseignement s’est mécanisé, robotisé de manière linéaire. Nous sommes des enseignants avant d’être des aïkidoka, l’explication prenant le pas sur la sensation. On nous demande avant tout de savoir structurer un cours, de savoir détailler et expliquer minutieusement une technique selon un thème précis, c’est ce que l’on appelle la forme…!!!

    J’ai conscience qu’il est difficile d’adapter un enseignement japonais dans un système occidental, mais comme je ne suis qu’au début, c’est un pari que je fais.

    Pour l’instant, les débutants que j’ai eus lors de ma première année d’enseignant me donnent raison de continuer dans cette voie…

     

    FIN

     

    PS : Merci Stéphane de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer !!


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  • Interview de Yasuno Masatoshi Shihan

    8ème Dan – mars 2013

     

    1. Sensei, quelle profession vouliez-vous exercer quand vous étiez jeune ?

    Mon père travaillait à la compagnie nationale des chemins de fer. Pour cette raison, j’aurais aimé être responsable d’une gare. Cela dit, j’ai toujours aimé les activités physiques. J’aurais aussi aimé être professeur de sports.

    2. En dehors de l’aïkido, avez-vous pratiqué d’autres arts martiaux ou d’autres sports ?

    J’ai toujours beaucoup aimé les sports de balles. Sinon, quand j’étais étudiant, j’ai pratiqué le kenjutsu à l’université.

    3. A quel âge avez-vous rencontré Yamaguchi sensei ?

    En 1967, à l’âge de 18 ans, je me suis inscrit au club d’aïkido de l’université suite à l’observation d’un cours. Le professeur en charge était Yamaguchi shihan.

    4. A quel âge avez-vous commencé à enseigner l’aïkido ?

    J’ai commencé à enseigner l’aïkido au Hombu dojo en 1973, à l’âge de 24 ans.

    5. A quel âge avez-vous commencé à diriger des stages et séminaires d’aïkido ?

    En 1973, j’ai commencé à enseigner aux enfants et aux classes de débutants au Hombu dojo. Les stages internationaux ont commencé il y a plus de 30 ans, notamment en France.

    6. Jusqu’à aujourd’hui, dans quels pays êtes-vous allé pour diriger des séminaires ?

    J’ai commencé en Asie du Sud pour aller dans plus de 50 pays un peu partout dans le monde.

    7. Selon vous, quelles sont les grandes différences entre l’aïkido au Japon et dans les autres pays ?

    Je pense que la 1ère grande différence se trouve dans la relation que les Japonais et les Européens entretiennent à la nature. Le sentiment que j’ai, c’est que les Japonais, par une vision différente de la vie, veulent être en harmonie avec la nature, ne former qu’un ensemble. Par contre, en Occident, les gens, peut-être, sont plus dans un rapport de domination à la nature. Si on parle de la pratique de l’aïkido, en Occident, lors de pratique libre (jiyu waza), en général, les gens exécutent les techniques qu’ils maîtrisent le mieux.

    La 2ème grande différence est physique. Les Japonais sont en général moins forts physiquement que les Européens. A partir de ce constat, j’ai essayé et j’essaie encore de pratiquer en pensant à la façon de forger mon corps, de polir mon esprit et d’améliorer ma technique.

    Enfin, l’étiquette dans l’aïkido et les budo est très importante. Il faut la respecter. Ces règles nous permettent d’être vigilant, de rester alerte.

    8. Quelles sont les principales caractéristiques des pratiquants en France ?

    La 1ère caractéristique :

    En France, le détail technique est très important ainsi que le nombre de techniques et leur choix. C’est intéressant mais je pense qu’il est plus important de pratiquer avec une vision d’unification, en regroupant les techniques, en les assemblant, de travailler avec l’idée de faire des liens…par exemple, de 8 techniques, on peut aller vers 4 techniques puis 3 puis 2…

    2ème caractéristique

    On compte trop sur les explications techniques, les mots. Pour moi, les mots et les choses que l’on peut dire ont une limite. On peut mettre des mots sur ses propres sensations d’une certaine manière mais je pense qu’il est difficile de remettre des sensations sur des mots. C’est ce que je ressens.

    3ème caractéristique

    En France, les pratiquants en général sont puissants et il est intéressant de voir qu’ils pratiquent avec vigueur mais souvent, le haut du corps prend trop d’importance durant le keiko. En aïkido, la façon d’utiliser le bas du corps est très importante, spécialement la façon d’utiliser les genoux.

    9. Depuis que vous faites de l’aïkido, est-ce qu’il y a eu des changements dans votre vie quotidienne ?

    Je pense que la pratique et la vie quotidienne sont les 2 côtés d’une même pièce, l’aïkido étant le côté URA et la vie quotidienne le côté OMOTE. Ma vie quotidienne change par la pratique de l’aïkido et je pense à l’aïkido dans ma vie quotidienne. L’aïkido est une discipline du corps et de l’esprit. Quand j’ai commencé l’aïkido, je voulais devenir fort. Aujourd’hui encore, ça n’a pas changé mais le sens de cette recherche avec l’âge et la pratique a changé. Elle est présente dans ma vie quotidienne. Je pense que l’aïkido est une façon de vivre, une façon depenser.

    10. Vous enseignez l’aïkido depuis de nombreuses années. Pour vous, quelles sont les choses importantes dans votre enseignement ?

    D’abord, je suis en constante recherche afin d’améliorer ma façon d’enseigner. Je recherche de même de meilleures formes. Ensuite, lorsque je suis en face d’un pratiquant, je me demande toujours comment je peux pratiquer avec cette personne.

     

    Avec tous nos remerciements à Yasuno Masatoshi Shihan et Kaori Sakamoto

     

    Traduction de Laurent et Machiko Huyghe


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  • Un Nouveau livre de Seishiro Endo Shihan (8ème Dan Aikikaï)

    "Vibration and Connection - The Aikido That I Pursue"

     

    Ce livre est publié par Kosaido Publishing, et est disponible au prix de 1,500 yen + les taxes à l’Aikidô Saku Dôjô ou chez Amazon.co.jp website

    152 pages

    Editeur: Kosaido Publishing/廣済堂出版 (20 avril 2013)

    Langue: Japonaise (avec traduction en anglais)

    ISBN-10: 4331517276

    ISBN-13: 978-4331517277

    Date de Parution: 20 avril 2013

    Dimensions: 21,33 x 15,49 x 2,03 cm


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  • Shin - Gi - Taï

    Comment appeler cela? Une trilogie, un tryptique, un trio? On ne sait. Peu importe d’ailleurs.

     Shin-Gi-Taï : le mental, la technique et le corps comme trois pôles indispensables et indissociables du caractère performant d’une action dans le domaine martial ou sportif. Ou, comment une action, pour parvenir à son plus haut degré d’efficience doit réunir en elle le summum de ces trois dimensions.
     

    On ne peut qu’adhérer spontanément à cette analyse et probablement même être tenté de l’appliquer à d’autres domaines encore (disciplines artistiques, politique, monde des affaires...). Cependant, comme c’est toujours le cas avec les évidences, les choses se compliquent singulièrement dès lors qu’on essaye de les affiner.
     

    Où situer les frontières entre ces trois concepts? Quelle est la nature des qualités ou compétences requises pour chacun d’entre eux? Y a-t-il une hiérarchie entre eux? Comment fonctionnent les interactions de l’un à l’autre? Car il faut bien un corps pour donner vie à une technique et il faut bien une image mentale de ladite technique et une volonté (ou un non-vouloir) pour la mettre en œuvre. Ce mental est-il détermination, concentration sereine ou écoute attentive? Est-il tourné vers soi ou vers l’autre? Et quand on parle de capacité physique, s’agit-il de quantitatif (puissance, résistance) ou de qualitatif (coordination, perception, adaptation)? Et ce qualitatif n’est il pas déjà de la technique? Car “technique” désigne certes “les” techniques, les schémas techniques, mais aussi “la” technique, c’est à dire la capacité à faire vivre ces schémas ou à en créer, en improviser, d’autres.
     

    On le voit, les questions sont nombreuses et on peut être tenté de n’y apporter qu’une réponse laconique du type “tout est dans tout” qui ne fait guère avancer les choses même si elle est bien difficile à réfuter.
     

    Toutefois, avant de tenter d’avancer davantage n’est-il sans doute pas superflu de re-situer notre interrogation plus précisément dans le domaine de l’aïkido :
     

    • Il n’est pas question ici de performance, mais plutôt de pertinence ou d’adéquation.
    • Pas question non plus d’échéance où il faudrait plus que jamais répondre présent mais plutôt d’une attention de tous les instants couplée à un désir (une obligation?) de progression ou d’évolution (le “Do”).

    Enfin, nous nous situons dans le cadre d’un échange avec le partenaire et au sein d’un groupe et non dans la perspective d’une seule affirmation de soi.
     

    Ces caractéristiques de notre discipline donnent donc à toutes les questions que nous avons posées une orientation sensiblement différente de ce qu’un sport impliquerait. Pour autant, elles gardent toute leur pertinence dans la perspective d’éducation globale de la personne et du groupe qui doit être celle du pratiquant comme de l’enseignant.

    Peut-on faire usage de ce concept dans notre pratique quotidienne, et, si oui, comment le reformuler de manière plus utilisable et plus cohérente avec notre propos?
     

    Bien sûr, nous n’avons pas ici la prétention (le pourrait-on d’ailleurs?) de livrer un guide exhaustif du bon usage de la trilogie Shin-Gi-Taï, mais simplement de pointer du doigt  un certain nombre de problèmes concrets qui lui sont inhérents et d’aider à en prendre conscience.
     

    Prenons quelques exemples.
     

    Considérons la respiration. Certains enseignants en parlent peu ou pas, d’autres exploitent et développent ce thème, mais... tous respirent 24h sur 24.  Si on veut avancer dans ce domaine, faut-il rechercher une technique respiratoire? Un état mental? Un processus physique? La respiration adéquate sera-t-elle maîtrisée et commandée pour s’appliquer à chacune des phases du mouvement en permettant à celui-ci d’être plein et total? Ou au contraire sera-ce une respiration qui s’oublie, qui coule sans qu’on y pense et s’adapte aux besoins du mouvement? Va-t-elle permettre relâchement et disponibilité ou sera-t-elle au contraire conséquence de ce relâchement?
     

    Les mêmes questions se posent d’ailleurs pour le relâchement  même (technique, état physique ou état mental?). Une technique affûtée permettra-t-elle de se relâcher ou est-ce à l’inverse le relâchement qui permettra l’adéquation? Peut-on concilier relâchement et puissance? Et s’agira-t-il alors de technique ou de physique?
     

    Tout cela n’est pas qu’arguties. Ces questions sont concrètes pour l’enseignant qui doit bien fourbir et fournir des outils, qui doit choisir un ordre et un angle d’attaque pour aborder ces notions. Comment, par exemple, répondre à la question : “que dois-je faire pour me relâcher?” (Qui laisse à penser que le relâchement est une technique que l’on peut donc s’accaparer). Vous avez le choix entre  : “pratique et ça viendra”, “penses-y à chaque instant “ et “fais des exercices de relaxation”... ou d’autres solutions encore dont aucune n’est vraiment satisfaisante.
        D’autres domaines sont tout aussi difficiles à démêler, comme par exemple les liens qui unissent le centrage (l’unité du corps), l’équilibre, la concentration et la sérénité dont on sent bien qu’ils participent d’un même paradigme. Mais par où commencer? Faut-il aller du mental (tranquillité d’esprit) vers le physique (unité du corps) via un élément technique (centrage) ou l’inverse? L’expérience comme l’intuition nous conseillent, bien sûr, de varier les approches, de faire des aller-retours sur le chemin mais la réalité des processus d’acquisition reste bien mystérieuse.
     

    Une question encore plus épineuse se pose quant à la contradiction qu’il faut bien admettre entre développement physique (Taï) et principe d’économie (Gi). D’une certaine manière, le but du Gi est de s’affranchir du Taï. Car l’économie est bien le sens et l’essence même de la recherche technique : parvenir au maximum d’effet avec le minimum d’effort. Dans toute situation, adopter la solution la plus simple, la plus légère, la moins coûteuse, non par esprit de facilité (encore que, pourquoi pas?) mais pour garder en réserve le maximum de potentiel, pour garder grand ouvert l’éventail des possibles. Comment alors concilier ce concept avec l’acquisition d’un potentiel physique? La question se pose à tous les instants de la pratique, à tous les instants de la relation entre Uke et Tori : choisir l’économie ou le développement de la puissance. L’économie va de pair avec l’adaptation, la perception, l’écoute, la lucidité. Nous sommes ici véritablement aux confins du mental, du technique et du physique, certes, mais du physique qualitatif... Et on ne sait plus trop comment y articuler le physique quantitatif auquel il faut pourtant bien accorder une place.
     

    La réponse apportée à ce problème est souvent du type : ”commence d’abord par te forger un corps”. Fort bien, cela exprime un certain bon sens. Mais quel corps? Un corps de Sumo, de marathonien ou d’homme serpent? Et jusqu’à quand faudra-t-il continuer à essayer de développer de la puissance avant de chercher à pouvoir s’en passer? Bien difficile de préciser davantage et on doit sans doute se contenter de dire  que c’est l’affaire de chacun et que l’âge et l’expérience se chargeront de résoudre ce problème sans qu’il soit besoin d’y penser. Mais ce constat un peu désabusé n’est guère satisfaisant pour un enseignant...
     

    Qui plus est, le Taï est encore porteur d’autres interrogations car, jusqu’à présent, nous n’avons parlé qu’en termes de “développement” ou d’ ”éducation”. Mais il faut bien aussi évoquer la “préservation”, l’ ”entretien” et la “jubilation”. Car il faut bien que le corps exulte pour rester motivé et qu’il reste en état de marche pour durer. Comment concilier toutes ces nécessités? Quand et comment glisser du développement vers l’entretien? Et n’y aurait-il pas là une clef pour répondre à la question précédente?

    Au travers de toutes ces interrogations, une constatation s’impose: ces trois concepts sont inextricablement liés et il serait vain de vouloir les utiliser de manière analytique, systématique ou selon une progression rigoureuse où s’enchaîneraient logiquement des relations de cause à effet.
     

    Mais il ne faut sans doute pas pour autant rejeter en bloc ce trio qui nous avait  séduit de prime abord par son évidence : considérons qu’il doit, modestement, remplir un rôle d’aide mémoire. Nous rappeler, à nous, pratiquants et enseignants, de faire porter notre exigence sur ces trois pôles dont, pour chacun, nous avons entr'aperçu la complexité. Nous inciter à manipuler alternativement ces trois leviers. Faire que notre souci de développement et de plénitude de la personne comme du groupe ne se focalise pas abusivement sur un seul aspect de la pratique et se donne ainsi plus de chance de globalité et donc de pérennité voire même d’universalité.

    Nous avons bien conscience du fait qu’aucune véritable réponse n’a été apportée tout au long de ce texte même si, comme tout enseignant, l’auteur de ces lignes a, bien sûr, ses opinions, options et orientations.
     

    Et sans doute est-ce aussi une caractéristique du “Do” de ne pas réclamer de réponses fermes et définitives à ses questions puisqu’elles sont justement le moteur qui nous tient en mouvement sur le chemin. Mais l’enseignant, le Sensei, a, lui, l’obligation de faire des choix à chaque instant, dans ce qu’il propose et ce qu’il expose. Choix qui sont, d’une certaine manière, autant d’éléments de réponse à la foule de questions qui planent dans l’air du Dojo. La responsabilité de son rôle est alors de ne pas oublier que ces éléments de réponse ne sont que provisoires et approximatifs et... de le laisser clairement entendre à ses ouailles.


    Octobre 2009          Franck NOEL

    Vous trouverez également ci dessous une liste des principes relevant du Shin, du Gi et du Taï au travers de comportements observables :

    shin_gi_tai_fnoel.pdf


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  • COORDINATION TECHNIQUE

    ENTRE

    LA F.F.A.A.A. & LA F.F.A.B.

     

    REISHIKI /

    SON UTILISATION

    AUX EXAMENS DE GRADES DAN

     

    RESPONSABLES :

    FFAAA                            FFAB

    Franck NOEL                       Malcom T. SHEWAN

    Bernard PALMIER               Toshiro SUGA

    Christian TISSIER               René TROGNON

       

    Le sens de l'étiquette lors du déroulement des examens

    Reishiki est un mot japonais que nous traduisons généralement par le mot "étiquette" tout simplement. Et, pour une fois, la simplicité de la traduction est de bon aloi. Reishiki est composé de deux caractères : Rei qui signifie salut, salutation, courtoisie, étiquette ; et shiki qui signifie cérémonial, formalité, rite, règle de l'art, officiel.

    Le caractère Rei lui-même est composé de deux radicaux- shimeesuhen d'une part, et Yutaka. Shimesu signifie "montrer ou mettre en évidence" et Utaka "richesse". Ensemble, on peut dire que le caractère Rei signifie "mettre en évidence sa richesse intérieure". Comme c'est si souvent le cas avec la langue japonaise, d'autres expressions existent et sont employées pour exprimer l'étiquette- Reigi, Reigi-Saho, Rei-ho, Rei-jo, Rei-san, Reisetsu, Gi-rei, etc.… Mais c'est le mot Reishiki qui est le plus couramment utilisé en occident et qui, globalement, exprime le mieux l'étiquette du Budo qui nous concerne ici.

    Ce n'est pas le sujet ici de présenter une définition exhaustive du sens de l'étiquette (Reishiki). Il suffit de dire qu'il constitue un aspect technique et éducatif aussi important pour l'évolution du pratiquant que n'importe quelle autre base technique qu'il est appelé à étudier en Aikido (ou en tout autre budo). Dépourvu du concept de Reishiki, les Budo ne sont que des méthodes violentes de combat. La maîtrise de Reishiki est donc une manifestation du plus haut niveau de maîtrise de la discipline. Par ailleurs, Reishiki est peut-être le premier résultat concret que le pratiquant est susceptible de laisser transparaître dans la vie de tous les jours, c'est à dire en dehors du tatami, car en effet, il aura certainement plus l'occasion de faire usage du Reishiki quotidiennement que de ses techniques de combat.

    Pour définir une étiquette pour tous les examens de grades, de Brevet d'Etat ou autre, sans parler d'une base pratique de son utilisation dans les dojo (lieu où l’on pratique la voie) lors des entraînements quotidiens, il faudrait distinguer plusieurs situations. De même, il doit être clair que le Reishiki n'est pas quelque chose de figé, une sorte de rituel immuable, dont il suffit de suivre la formule pour bien le faire. Il est "vivant" et aucune exécution "machinale" ne saurait remplacer la véritable compréhension du sens profond de Rei.

    Il s'agit plutôt d'un langage sans parole dont l'exécution correcte, dictée par une

    perception juste des circonstances, permet au pratiquant d'exprimer une attitude, un sens et une compréhension, souple et hautement nuancée, de lui-même et de sa place dans le "maintenant".

    On ne peut pas non plus en faire "une tablette de pierre", où est gravé un Reishiki immuable et obligatoire (un danger, toujours présent, qui guette toute idée couchée par écrit!).

    Il faudrait plutôt définir les "grandes lignes" à respecter et proposer, d'une manière générale, mais néanmoins correcte et convenable, le déroulement du Reishiki au cours des examens.

    Le Reishiki fait partie du premier critère "Connaissance Formelle des Techniques".

    Les éléments observables doivent être le reflet d'un état d'esprit harmonisé aux principes de l'Aikido {modestie, absence d'agressivité, de l'orgueil, être sans ostentation (shinobu), et ainsi de suite}. Pendant le passage de grade le respect de Uke (Aite) et la concentration font partie du Reishiki.

    Il est à noter que dans un dojo, le kamiza (mur d’honneur) constitue le point de référence autour duquel tout est orienté. Ceci est une considération primordiale et déterminante pour toutes les questions qui touchent au Reishiki.

    Les différentes situations que l'on rencontre lors des examens sont :

    a) Le candidat vis-à-vis de lui-même ;

    b) Le candidat vis-à-vis de son partenaire ;

    c) Le candidat vis-à-vis du jury d'examen ;

    d) Le jury d'examen vis-à-vis du candidat ;

    e) Le jury vis-à-vis de lui-même.

    A) LE CANDIDAT VIS-A-VIS DE LUI-MÊME

    Lors des examens, le candidat doit être en mesure de démontrer sa propre compréhension de la notion d'étiquette, par l'assurance qu'il dégage de son exécution du Reishiki dans toutes les situations. C'est-à-dire, au travers de sa perception et évaluation correcte de la situation, il sait ce qu'il doit faire, comment il doit le faire, et à quel moment, sans être dirigé ou repris par une intervention de jury. Il ne doit pas non plus avoir besoin de recourir à l'aide quelconque d'autrui (son partenaire, d'autres candidats, etc…) pour être rassuré sur son exécution de Reishiki. Le candidat assume la responsabilité de lui-même, en coordination avec la situation globale de l'examen- il se prend en charge lui-même dans le "maintenant".

    Tenue vestimentaire : Keikogi (vêtement de pratique) et Hakama en bon état et propre.Zori compatible avec la pratique d'un budo.

    Montée sur les Tatamis (à titre d'exemple) :

    Le candidat montera sur le tatami, tenant dans la main droite les armes (bokken, tanto, jo) nécessaires (selon le niveau de son passage), des façons suivantes :

    SOIT

    - Il enlève ses zori face au tatami, monte, se retourne, pose un genou à terre et retourne ses

    zori ; ensuite il se tourne vers le Kamiza et le salue, en Tachi-rei (salut debout);

    SOIT

    - Il enlève ses zori dos au tatami, monte, se retourne pour Tachi-rei face au Kamiza.

    SOIT

    - Il enlève ses zori face au tatami, monte, pose un genou à terre et retourne ses zori ; ensuite il se tourne vers le Kamiza et le salue en Za-rei (salut assis à genoux)(salut en seiza).

    SOIT

    - Il enlève ses zori dos au tatami, monte, se retourne, se met en seiza pour faire Za-rei face au Kamiza ; Ensuite le candidat prendra sa place en seiza parmi les autres candidats en ligne, soit au Shimoza (coté opposé au mur d’honneur), soit au Shimoseki (« petit coté »soit le coté gauche du dojo quand on est placé face au mur d’honneur). Ses armes seront disposées à sa droite.

    La ligne (seiretsu) des candidats doit être établie par rapport au bord du tatami de façon à laisser derrière un espace suffisant pour le passage aisé des candidats prenant leur place.

    Il est à noter que pendant le passage, tous les candidats en attente doivent garder une posture droite, si possible en position de seiza, sinon en position dite "agura" (en tailleur).

    A la fin de l'examen, le candidat exécutera le même processus inversé pour quitter letatami.

    B) LE CANDIDAT VIS-A-VIS DE SON PARTENAIRE

    C) Le CANDIDAT VIS-A-VIS DU JURY D'EXAMEN

    Lorsque le candidat à examiner (Tori) sera appelé par le jury, il se lèvera, ses armes dans la main droite, et prendra place en seiza, face au jury et au kamiza, sur les marques indiquant la distance de 5 mètres du centre de la zone de tatami réservée à l'examen de son groupe (c'est-à-dire Tori et Uke(celui qui reçoit la technique) (Aite) sont séparés de 10 mètres l'un et l'autre). Il placera ses armes par ordre de taille (sans pointe, ni tranchant en direction du Kamiza) derrière lui et il attendra son adversaire (Uke/Aite). Uke (Aite) en fera de même (en face).

    Il est à noter que Tori débutera son examen avec Uke (Aite) choisi, et quels que soient les changements d'Uke (Aite) entre-temps, Tori débutera Buki waza et travail aux armes avec son Uke (Aite) initial et clôturera (lors du Reishiki final) l'examen avec lui.

    Les deux candidats s'avancent, soit en shikko (marche à genoux) soit en se mettant debout, jusqu'à la marque les séparant de 6 mètres.

    Les candidats se tournent ensemble vers le jury, et lui, sollicite le salut. Ensuite, se retournent face à face et se saluent.

    L'interrogation commencera à ce moment.

    Durant l'interrogation le candidat continuera à faire le mouvement demandé par le jury jusqu'à ce que ce dernier lui en demande un autre.

    Lorsque le jury demande un changement de Uke (Aite) au cours de l'examen, les candidats s'arrêteront et se salueront à une distance convenable. Uke (Aite) se mettra dans la position de Tori pour saluer (si tori est en seiza, Uke (Aite) se mettra en seiza ; si tori est debout, Uke (Aite) se mettra debout etc…). Le salut à ce moment sera dépouillé, succinct, mais correct. L'Uke (Aite) qui a ouvert l'interrogation avec Tori se mettra en seiza devant ses armes à la marque de 10 mètres et attendra la suite de son intervention. Le nouvel Uke (Aite) choisi dans la ligne de candidats s'avancera jusqu'à une distance convenable de Tori et le saluera succinctement mais correctement, puis prendra la suite de l'interrogation.

    Lorsque la partie de l'examen concernant les techniques à main nue se terminera, Uke (Aite) initial reprendra son travail avec Tori pour Buki Waza (pratique des armes).

    TAI BUKI WAZA (à priori 1 à mains nues, 1 avec une arme)

    Note concernant le concept de Ri-ai (système qui compose et organise l’aîki)

    En aïkido le concept de Ri-ai existe sous deux formes. Plus habituellement dans le Budo, le terme Ri-ai est employé pour désigner la "logique de construction technique". Il est utilisé ainsi dans le deuxième critère d'examen. En revanche, un deuxième sens, ni très éloigné, ni contradictoire, existe pour les pratiquants d'Aïkido. Ri-ai, dans ce deuxième sens, indique "l'unité fondamentale qui lie toutes les techniques entre elles". Ainsi, un mouvement en Tachi waza (travail debout) est relié par son principe à un mouvement en Ushiro waza (travail arrière), ou en Ken, ou en Tanto, ou en Jo, ou en Atemi (frapper le corps) waza.

    Cependant l'introduction d'un élément nouveau (l'arme) demande une légère adaptation dans le Reishiki. Non pas dans son sens profond mais plutôt dans son expression technique. Il faut prendre en considération le fait qu'on ait une arme en main.

    TANTO DORI (dori : saisir, élaborer des techniques en saisissant le tanto de uke) :

    Aite se munira de son tanto, soit en s'accroupissant le dos droit, soit en posant un genou à terre, soit à partir de la position seiza. Un salut à l'arme n'est pas demandé. Ensuite il s'avancera jusqu'à la marque des 6 mètres. Durant ce temps, tori se tiendra en attente dans une posture correcte sur la marque de 6 mètres et pourra, si cela s'avère nécessaire, se tourner vers le Shimoza (dos au mur d’honneur) et discrètement arranger son Keikogi. Dans tous les cas, il ne se "baladera" en soufflant comme un boeuf (à l'inverse des moeurs "sportives").

    En revanche, il s'agit de savoir qu'un Reishiki bien géré constitue un moyen efficace de rythmer sa prestation. Les deux adversaires se saluent en Tachi-rei, Aite tenant le Tanto en position de Sage-to (position debout du Kendoka, Shinai tenu librement de la main gauche. On utilise aussi plus souvent TEITO), et l'interrogation continue.

    En Tanto Dori le désarmement de l'adversaire est obligatoire. Pour rendre l'arme à Aite, Tori tiendra le Tanto dans le creux de sa main, tranchant vers le haut et la pointe vers lui-même. Aite reprendra l'arme, faisant preuve de contrôle sur lui-même, et sans précipitation, pour rétablir la distance correcte et des conditions d'attaque convenables.

    A la fin du travail de Tanto Dori, Tori rendra l'arme à Aite et tous les deux reprendront une distance correcte pour Tachi-rei (succinct). Aite remettra le tanto à sa place.

    JO DORI (élaborer des techniques en saisissant le jo de uke) :

    Aite se munira du Jo soit en s'accroupissant le dos droit, soit en posant un genou à terre, soit à partir de la position seiza. Un salut à l'arme n'est pas demandé. Ensuite il s'avancera jusqu'à la marque des 6 mètres. Durant ce temps, Tori se tiendra en attente correcte sur la marque de 6 mètres. Dans tous les cas, il ne se "baladera" pas en soufflant comme un boeuf (à l'inverse des moeurs "sportives"). Les deux adversaires se saluent en Tachi-rei, Aite tenant le jo dans la main droite, la pointe vers le bas et l'interrogation continue.

    En Jo Dori, le désarmement de l'adversaire est obligatoire. Pour rendre l'arme à Aite, Tori tendra le Jo des deux mains. Aite reprendra l'arme, faisant preuve de contrôle sur lui-même, et sans précipitation, pour rétablir la distance correcte et des conditions d'attaque convenables.

    A la fin du travail de Jo Dori, Tori rendra l'arme à Aite et tous les deux reprendront une distance correcte pour Tachi-rei (succinct). Aite remettra le Jo à sa place. Dans le cas où le jury souhaiterait interroger le candidat sur le Jo Nage Waza (élaborer des techniques en projetant avec le jo)- Tori gardera simplement le Jo et Aite pourra saisir l'arme à la main nue pour la poursuite de l'examen. Lors de ce changement, aucun salut (Rei) n'est nécessaire.

    Cependant, à la fin de l'interrogation Jo Dori - Jo Nage Waza, Tori rendra l'arme à Aite, Ils feront Tachi-rei (succinct) et Aite remettra l'arme à sa place.

    TACHI DORI (élaborer des techniques en saisissant le sabre de uke):

    Tachi Dori n'est demandé qu'à partir du 3ème Dan. Aite se munira d'un Bokken soit en s'accroupissant le dos droit, soit en posant un genou à terre, soit à partir de la position seiza. Un salut (Tachi-rei) à l'arme est acceptable (mais pas obligatoire) vu le symbolisme attaché au Ken. Ensuite il s'avancera, tenant son arme dans la main droite en Sage-to, jusqu'à la marque des 6 mètres. Durant ce temps, Tori se tiendra en attente correcte sur la marque de 6 mètres. Dans tous les cas, il ne se "baladera" pas en soufflant comme un boeuf (à l'inverse des moeurs "sportives"). Les deux adversaires se saluent en Tachi-rei, Aite (Uchidachi)(le sabre qui frappe, uke) tenant le Bokken toujours en Sage-to dans la main droite. Ensuite il passe le Ken sur le côté gauche ( TAI TO : "

    Sabre à la ceinture ". Position debout du Kendoka (style "garde à vous"), l'arme tenue par la main gauche en dessous de la Tsuba, arme au niveau de la ceinture. Il dégaine et il assume son Kamae. L'interrogation continue.

    En Tachi Dori, le désarmement de l'adversaire est obligatoire. Pour rendre l'arme à Aite (Uchidachi) Tori tendra le Bokken des deux mains, le tranchant vers le haut et la poignée vers l'adversaire. Aite reprendra l'arme, faisant preuve de contrôle sur lui-même, et sans précipitation, pour rétablir la distance correcte et des conditions d'attaque convenables.

    A la fin du travail de Tachi Dori, Tori rendra l'arme à Aite (Uchidachi) et tous les deux reprendront une distance correcte. Aite (Uchidachi) rengainera en Taito et passera le Ken sur le côté droit en Sage-to pour saluer Tori en Tachirei (succinct). Aite (uchidachi) remettra le Bokken à sa place.

    TACHI Tai TACHI (un sabre chacun):

    Tachi Tai Tachi n'est demandé qu'à partir du 4ème Dan. Tori (Shidachi) et Aite (Uchidachi) se muniront d'un Bokken soit en s'accroupissant le dos droit, soit en posant un genou à terre, soit à partir de la position seiza. Un salut (Tachirei) à l'arme est acceptable (mais pas obligatoire) vu le symbolisme attaché au Ken. Ensuite ils s'avanceront, tenant leur arme dans la main droite en Sage-to, jusqu'à la marque des 6 mètres. Les deux adversaires se saluent en Tachi-rei, tenant le Bokken toujours en Sage-to dans la main droite. Ensuite ils passent le Ken sur le côté gauche (Tei-to), ils dégainent et ils assument son Kamae. L'interrogation continue.

    Si lors du travail du Tachi il y a un désarmement de l'adversaire Tori (Shidachi) rendra le Ken à Aite (Uchidachi) selon les critères définis par le Reishiki pour Tachi dori dans la mesure du possible. Aite reprendra l'arme, faisant preuve de contrôle sur lui-même, et sans précipitation, pour rétablir la distance correcte et des conditions d'attaque convenables.

    A la fin du travail de Tachi tai Tachi, Tori (Shidachi) et Aite (Uchidachi) reprendront une distance correcte. Ils rengaineront en Tai-to pour se saluer en Tachi-rei (succinct). Ils remettront les armes à leur place.

    TANINZU GAKE (attrapé par une multitude de partenaires)

    Taninzu Gake aura lieu à la fin des interrogations de Tai Buki Waza. L'Uke (Aite) initial du candidat (Tori) y participera, secondé par un ou plusieurs autres Uke (Aite) choisis parmi les candidats en attente. Les adversaires approcheront du côté Uke (Aite), salueront Tori en Tachi-rei succinctement et commenceront leurs attaques. A la fin du travail, tous les Uke (Aite) se rangeront du côté Uke (Aite) pour saluer Tori en Tachi-rei succinctement. L'Uke (Aite) initial se mettra à sa place en seiza et terminera le Reishiki final avec Tori pour clôturer l'examen.

    D) LE JURY D'EXAMEN VIS-A-VIS DES CANDIDATS

    E) LE CANDIDAT VIS-A-VIS DE LUI-MÊME

    Le Jury conduira l'examen en Keikogi et Hakama.

    L'ouverture de la séance d'examen commencera par un salut formel en seiza entre les candidats et le jury (au Kamiza). Ensuite, le Jury prendra place à la table. Il est attendu de lui qu'il maintienne une tenue qui reflète la dignité et le respect envers la discipline pratiquée, le dojo, les candidats et, plus particulièrement, envers la responsabilité dont il est investi. Les saluts aux candidats seront faits à partir de la position assise. Il prendra soin à poser les questions aux candidats de façon audible et prononcée avec une élocution conforme à la phonétique de la langue japonaise.

    Le principe d'intégrité qui est élaboré au 4.2.3 du document "Modalités d'Organisation et de déroulement des Examens de Grade d'Aikido", dans son esprit, s'applique également au Jury examinateur.

    Le jury doit se souvenir que les examens, dont il assure le déroulement, ne sont pas des "éliminatoires". Le but est, plutôt, d'établir une évaluation objective du niveau de pratique du candidat au sein de la discipline dans un sens plus large. C'est-à-dire, un Aikido qui est, aujourd'hui, pratiqué dans tous les pays du monde et qui possède une énorme variété de "styles" qui lui sont propres, inhérents et qui constituent sa richesse unique parmi les différents Budo actuels.

    Pour clore la séance d'examen, le Jury se mettra au Kamiza pour un salut formel avec les candidats. Les délibérations auront ensuite lieu à huis clos.


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