• Le Dojo

    Le DOJO 


    Préambule:

    Par son keppan (serment), le budoka s’engage au respect formel du code moral lié à l’école, condition essentielle pour mener à bien l’oeuvre qu’il a décidé d’entreprendre pour aller au bout de sa quête, avec le souci nécessaire et rigoureux de montrer l’exemple, nous retrouverons ici les origines martiales des samouraï, ces guerriers nippons guidés par un code de l’honneur popularisé par le terme de bushido, pour lesquels la mort était bien souvent la seule issue honorable pour les fautes commises. Sans être jusque boutiste, les arts martiaux japonais ont conservé ces traditions ancestrales et vitales à leur pérennité, que l’on retrouve tant dans le code moral que dans le cérémonial de chaque ryu.

    1)Définition:

    Les arts martiaux se pratiquent en un lieu particulier nommé DO (la voie) JO (le lieu). Ce nom d’origine bouddhique désigne la salle de lecture et d’étude spirituelle d’un temple. C’est un lieu sacré et y entrer, c’est se sacraliser soi-même. En budo, on utilise ce nom pour désigner le lieu où l’on pratique. Un dojo comprend, outre la salle principale réservée à la pratique, des annexes, douches, vestiaires, ...

    2)Dispositions techniques du Dojo:

    • Shinden : autel
    • Gyokuza : siège impérial
    • Tokonoma : espace sur-élevé
    • Shihandaï : siège du shihan
    • Raihinseki : siège des invités d’honneur

     Tous ces sièges sont situés au Kamiza (haut mur).

    • Le siège opposé est le Shimoza.

    Dans le cas où il n’y a aucune marque spéciale (ex : tokonoma, shinden), le kamiza se trouve à l’opposé de l’entrée. Le fond de la pièce ou de la maison est d’un rang plus élevé que l’entrée. Le côté gauche, vu du kamiza, est le côté le plus honorifique.

    Lors des démonstrations, le kamiza est le siège du représentant de l'état, du drapeau ou de la présidence de la manifestation. En Europe, une photo de O senseï orne le kamiza et symbolise la transmission de l’enseignement. Certains dojo présentent une disposition particulière qui entraîne quelques inversions : Gyaku-shiki.

    Le dojo proprement dit, où l’aire de la pratique est délimitée par quatre côtés, dont le principal, le Kamiza ou mur d’honneur, fait face à l’entrée. C’est traditionnellement sur ce mur qu’est installé un petit temple shinto. C’est généralement dos à ce mur que se place le professeur, les élèves étant face à lui, dos à la porte d’entrée au niveau du shimoza, en direction de la sortie. Les assistants éventuels se rangent pour leur part sur le côté gauche du professeur.

    3)Reishiki : le rituel du Dojo:

    Le rituel du dojo est simple. On se doit de le respecter scrupuleusement. A l’entrée, on s’incline en un salut debout, ritsu rei, en direction du kamiza. C’est en quelque sorte se sacraliser dès l’entrée dans ce lieu privilégié où l’on étudie la voie. En Aïkidô, le salut représente un engagement total dans la pratique, un engagement où les problèmes et soucis divers de la journée sont mis de côté pour laisser la place à la disponibilté, la concentration et l’étude. Le cérémonial d’ouverture d’un cours se fait donc de la manière suivante :

     

    • SEIZA : « Assis ». L’ensemble s’agenouille et se met en position parfaite (triangulaire) sur les talons.
    • SHOMEN ni REI : « Saluons en face de » - Le professeur et les élèves saluent le kamiza.
    • OTAGAÏ ni REI : « Saluons le professeur » - Le professeur et les élèves se saluent.
    • KIRITSU : « Levons-nous ».

     

    La fin du cours se ponctue par le même rituel. Le retardataire doit attendre l’invitation du professeur mour monter sur le tatami puis, effectuer seul le Shomen ni rei. Si l’on souhaite quitter le dojo avant la fin du cours, on ne peut le faire qu’après avoir formulé la demande au professeur et après avoir effectuer seul le shomen ni rei. Le salut debout s’effectue chaque fois que l’on monte ou descend du tatami, ainsi qu’avant et après chaque travail avec un partenaire. Dans la pratique aux armes, un salut particulier est effectue en fonction de l’école pratiquée.

    Le dojo, lieu d’étude, de travail et d’échange, nécessite une attitude empreinte de sérieux et de respect. Il sera laissé dans le plus grand état de propreté y compris les annexes. A cette fin, le port des zori est obligatoire et l’on ne doit pas marcher en dehors du tatami sans les porter. Elles sont alignées soigneusement le long du shimoza en tournant le dos au kamiza. Une hygiène corporelle s’impose : le corps et les vétements doivent être propres, les ongles coupés courts, le maquillage ôté. Cette marque de respect, tant envers soi-même qu’envers les autres participent à la formation morale du pratiquant, lui offrant de reprendre sa place pleinement dans l’école, dans la société et dans l’ordre profond de l’univers. Le budo prend alors sa pleine consistance de discipline totalement intégrative.

    4)YUDANSHA et HAKAMA : Code moral:

    Le maître et les yudansha sont les ambassadeurs du budo, responsables par leur comportement de la réputation de leur ryu. Le port de la ceinture noire et du hakama sont les symboles visibles de leur avancée sur le chemin escarpé qui mène à la voie. En budo, le grade représente l’ensemble (ichi) d’une triple valeur, shin (valeur morale), gi (valeur technique), taï (valeur physique) indissociables.

    Les pratiquants d’arts martiaux se doivent de pôlir les sept vertues du budo, reflets de la vraie nature que symbolise le bushido :

     

    • JIN (bienveillance, générosité) : la bonté et la bienveillance suppose une attitude pleine d’attention pour autrui, sans considération d’origine, de sexe, d’âge ou de handicap. Le respect permanent des autres avec le souci de les honorer sans jamais leur causer de troubles ou de peines inutiles conduit naturellement à une concorde sociale.

     

    • GI (honneur, jusitce) : le sens de l’honneur passe par le respect de soi-même, d’autrui et des règles que l’on considère comme justes. C’est être fidèle à ses engagements, à sa parole et à l’idéal que l’on s’est choisi.

     

    • REI (étiquette, courtoisie) : la politesse n’est que l’expression de l’intérêt sincère et authentique porté à autrui, quelque soit sa position sociale, au travers de gestes et d’attitudes pleins de sollicitude et de respect. Le cérémonial et l’étiquette font partie de l’extériorisation de la politesse.

     

    • CHI (sagesse, intelligence) : Les anciens disaient à juste titre qu’un sage pouvait toujours apprendre, même d’un fou, alors qu’un fou ne pourrait jamais apprendre, même d’un sage. La sagesse est ici synonyme d’aptitude à discerner en tous lieux et en toute chose, le positif et le négatif, à n’accorder aux choses et aux évènements que l’importance qu’ils ont, sans se laisser aveugler ni se départir de la sérénité si durement acquise sur le tatami.

     

    • SHIN (sincérité) : la sincérité est impérative dans l’engagement martial. Sans elle, la pratique n’est que simulation et mensonge, tant pour soi-même que pour autrui. L’engagement se doit d’être total, permanent, sans équivoque. La sincérité se constate facilement et l’illusion ne peut perdurer longtemps devant les exigences et le réalisme de la voie.

     

    • CHI (loyauté) : il peut paraître désuet de parler de loyauté et de fidélité dans notre société contemporaine alors même que ces valeurs sont le ciment indéfectible de nos disciplines martiales : Le budoka s’engage comme le samouraï envers son daïmyo, à une fidélité totale et à un respect loyal des règles internes à son écoles, et ce sur sa vie même. Ces valeurs sont le reflet de la rectitude du corps et de l’esprit du pratiquant.

     

    • KOH (piété) : la piété s’entend ici au sens de respect profond et authentique des bases de nos pratiques martiales, bases techniques, spirituelles, historiques, philosophiques, ...